Vivre en temps de guerre

Seconde Guerre mondiale

Ceux qui sont rentrés

Parmi les objets conservés dans les collections du musée, il y en a qui ont, pour moi, d’emblée, un statut à part. Des objets étonnants, singuliers. Les vêtements font partie de cette catégorie. Parce qu’ils ont été portés par leurs propriétaires, ils racontent une histoire personnelle, intime, qui m’a toujours émue. La solennelle robe de mariée, le petit bonnet du nourrisson, les sabots usés du travailleur…

Et parmi les vêtements, il y a les tenues de déportés. Objets à part, rares, porteurs d’une charge historique et émotionnelle intense. Ces images de corps décharnés, le regard vide, habillés de rayures, font partie de notre mémoire collective. Derrière la déshumanisation de l’uniforme, il y a des hommes et des femmes, des parcours de vie, des engagements.

La robe et les galoches de Jeanne Bouvron, internée à Ravensbrück pour faits de résistance, libérée le 23 avril 1945, à la veille d’être pendue.

2005.8.1

La robe de Gisèle Giraudeau, résistante, déportée à Ravensbrück le 13 mai 1944 et libérée un an plus tard.

2008.14.1

La tenue de Roger Cadiot, déporté pour faits de résistance à Sachsenhausen le 24 janvier 1943, transféré à Dachau, et libéré le 29 avril 1945.

2009.2.2

Au musée, on peut dire ce que furent ceux qui les ont portés, quelles ont été leurs histoires, leurs destins. On peut classer, inventorier, documenter et restaurer ces vêtements, pour les donner à voir, dans l’exposition En Guerres, comme témoins de l’histoire. Car ces vêtements disent ceux qui sont rentrés chez eux. Ils disent l’horreur de la guerre, l’ignominie, la violence. Mais ils disent également, de façon terrifiante, tous ceux qui ne sont pas revenus.

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