Vivre en temps de guerre

Seconde Guerre mondiale

Le recensement des Juifs nantais en octobre 1940

Registre d’inscription des israélites de l’arrondissement de Nantes, octobre 1940 – Provenance : Archives départementales de Loire-Atlantique, Nantes. Photographie prise dans l’exposition En guerres

 

Les premières mesures discriminatoires envers les Juifs suivent de quelques mois l’instauration de l’Etat Français.  Le 27 septembre 1940, les Allemands imposent le recensement des Juifs en zone occupée. Quelques  jours  plus tard, le gouvernement de Vichy prend l’initiative de promulguer le premier statut des Juifs (3 octobre 1940), qui définit la judéité. Est considérée comme « juive » toute personne pratiquant cette religion et ayant deux grands-parents juifs, ou quiconque ayant trois grands parents de « race juive » ou deux grands-parents et un conjoint juifs... Il n’est donc pas nécessaire de pratiquer la religion juive pour être considéré « juif », les notions d’hérédité  et de « race » étant mises en avant. La loi interdit également aux Juifs l’accès à de nombreuses professions liées au service public.

En octobre 1940, les Juifs nantais viennent se déclarer à la Préfecture de Loire-Inférieure. Le registre de l’arrondissement de Nantes, aujourd’hui conservé aux Archives départementales, se compose d’une série de feuillets manuscrits, répertoriant sous forme de tableau et de manière détaillée chaque personne composant la famille. L’origine géographique, l’hérédité, la situation matrimoniale, la religion, l’activité professionnelle et l’adresse sont systématiquement indiquées. La majorité des personnes inscrites sur ce registre sont françaises (357 sur 537).


Page de garde du registre

 

Si certaines familles ont probablement choisi de ne pas se déclarer, la majorité ont répondu à cette sollicitation, pensant « ne rien avoir à cacher ». Leur obéissance s’explique également par le fait que l’enregistrement était effectué par les autorités françaises, et non par l’occupant. Cette volonté de se comporter en « bon citoyen » va pourtant causer leur perte, puisque ce fichier contribuera à leur arrestation et à leur déportation deux ans plus tard, lors de la rafle de juillet 1942.

Certains regretteront par la suite leur inscription au registre et tenteront de se faire radier de cette liste en faisant valoir leur nationalité française, des faits de guerre, une conversion à la religion catholique… mais la plupart de ces tentatives échouèrent. D’autres essaieront de fuir vers la zone libre ou l’étranger.

Détail du registre d’inscription des israélites de l’arrondissement de Nantes

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