Vivre en temps de guerre

Seconde Guerre mondiale

Deux enfants Juifs raflés durant l’été 1942


La classe de Simon Kravetz au Lycée Livet à Nantes, année scolaire 1941-1942
Simon est au 3ème rang, le 3ème élève à partir de la gauche
© Archives-Lycée Livet

Le 15 juillet 1942, une rafle est réalisée dans le département de Loire-Inférieure visant à arrêter toutes les familles juives.  Grâce aux sources d’archives et à des témoignages, nous pouvons retracer l’histoire de Simon Kravetz et Victor Pérahia.

En 1942, Simon Kravetz, 16 ans, vit à Nantes, dans le quartier de la biscuiterie LU, rue Crucy. Ses parents sont des immigrés polonais. Simon est élève au Lycée Livet. Lorsqu’il porte pour la première fois l’étoile jaune en classe, ses camarades, surpris par ce signe distinctif, se confectionnent leurs propres étoiles afin de l’imiter, et s’attirent de ce fait les foudres du directeur.

Le 15 juillet, deux soldats allemands font irruption dans la classe en plein cours de français et arrêtent Simon sous les yeux de ses camarades. Ses parents subissent le même sort, sur leur lieu de travail. Toute la famille est déportée le 20 juillet, d’abord vers Angers puis, par le convoi numéro 8, à Auschwitz. Simon et sa mère sont exécutés en chambre à gaz. Le père de Simon périt aux travaux forcés.

Certains des anciens camarades de Simon ont souhaité retracer son parcours afin d’en conserver la mémoire. Une plaque commémorative a été apposée en 2009 au Lycée Livet.

« Liste approximative des Juifs arrêtés par la police allemande le 16 juillet 1942 »  - La famille Pérahia est la dernière listée© Archives départementales de Loire-Atlantique, Nantes

Victor Pérahia, 9 ans, est quant à lui arrêté à Saint-Nazaire où il vit avec son père, Robert, marchand forain, et sa mère Jeanne. Jusqu’à ce qu’il soit forcé de porter l’étoile jaune, l’enfant n’avait pas pris conscience de sa judéité, ses parents n’étant pas pratiquants.

Respectueux des lois émanant des autorités françaises, la famille s’était fait déclarer à la Préfecture. Le 15 juillet, tous ses membres sont arrêtés au domicile familial pour « un simple contrôle d’identité » par six soldats allemands, puis sont regroupés avec les autres Juifs du département  au Grand séminaire d’Angers.  L’enfant et sa mère sont alors séparés de Robert Pérahia, qui est déporté par le convoi numéro 8, à destination d’Auschwitz, où il trouve la mort.

Victor et Jeanne sont internés au camp de La Lande, près de Tours, puis à Drancy. Ils y restent vingt mois en se faisant passer pour femme et fils de prisonnier, catégorie protégée par la Convention de Genève, échappant ainsi à la déportation.  Le 2 mai 1944, ils sont cependant transférés au camp de travail de Bergen-Belsen, en Allemagne. Les conditions de vie y sont abominables, Victor y contracte le typhus. A la Libération, les Allemands cherchent à évacuer les prisonniers vers un autre camp. Entassés dans des wagons à bestiaux, privés de nourriture pendant plus de quinze jours, ils sont finalement libérés par les soldats russes. Victor et sa mère rentrent en France le 29 juin 1945. L’enfant y retrouve une partie de sa famille, sa grand-mère et son frère aîné, Albert, restés cachés pendant la durée de la guerre.  Mais la réinsertion s’avère très difficile : la famille a tout perdu, Victor n’a pas été scolarisé de 9 à 15 ans…. Souffrant de tuberculose, il passera deux ans dans un sanatorium, éloigné de sa mère.

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Victor Pérahia a accepté de nous livrer son témoignage, qui figure dans l’exposition En guerres et au Centre de ressources documentaires du musée. Auteur de Mon enfance volée (2006), il a participé à plusieurs actions de sensibilisation, notamment envers les lycéens.

 

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