Comment la Résistance est-elle représentée dans le paysage urbain nantais ?

Dans son ouvrage « La collaboration en Loire-Inférieure. 1940-1944 », Christophe Belser rappelle l’existence de l’entreprise d’une « épuration et d’une révision des noms des rues » durant les premiers mois de l’Occupation.  Dès novembre 1940, le préfet Philippe Dupart demandait ainsi aux maires du département de débaptiser les rues, édifices portant le nom de personnages qui, par leurs erreurs ou leurs fautes, ont contribué à précipiter notre patrie dans la ruine. »

Cet exemple montre, s’il en était besoin, combien s’intéresser aux noms de rues et plaques commémoratives n’est pas anodin. Plus encore, s‘attacher à leur représentation dans l’espace urbain permet de saisir concrètement l’inscription de la Résistance dans le paysage nantais : outre le choix du nom, celui de l’emplacement est très souvent symbolique.

Dans sa thèse, « La construction de la mémoire d'une ville. Nantes. 1914-1992 », l’historien nantais  Didier Guyvarc’h  a analysé la mise dans l’espace de la Cité, des traces mémorielles. Cette étude mettait parfaitement en exergue les enjeux et les priorités politiques, en matière de choix mémoriels, selon les époques. A Nantes, les lieux de mémoire de la Résistance se concentrent dans un espace assez limité ; pour l’essentiel, le centre-ville avec les squares Daviais et Maquis de Saffré, le cours d’Estienne d’Orves, le cours des Cinquante Otages…

Dans certains cas,  plusieurs voies s’ordonnent autour d’un lieu  principal. C’est le cas des rues Claude et Simone Millot, rue Louis et Louise Le Paih, rue Auguste et Marie Chauvin, rue Marcel et Marie Michel, quatre nouvelles voies publiques de la ZAC Erdre-Porterie, qui  dessert ainsi le monument aux fusillés du terrain du Bêle.

Dans cette carte sont répertoriés divers vecteurs de la mémoire de la Résistance à Nantes : plaques commémoratives, monuments et noms de rues  mais pas seulement…Le musée a souhaité s’intéresser aussi aux lieux d’histoire, forcément moins connus. L’occasion, à travers ces derniers, de rendre hommage à des hommes et des femmes aujourd’hui anonymes qui, par leurs actes de résistance, ont œuvré à la victoire. Citons pour exemples Max Pierre Fricaud, Adrien Delavigne, Henriette Le Belzic… *

A travers ce travail, le musée d’histoire de Nantes souhaite faire découvrir aux habitants et visiteurs de la Cité, l’histoire de la Résistance dans la Cité, d’une manière autre que la découvrir par la lecture d’un ouvrage ou par la visite d’une exposition ou d’un musée.

Ce travail n’aurait pu se faire sans l’aide de Xavier Trochu, auteur avec  Jean-Pierre Sauvage du « Mémorial des victimes civiles et militaires du département de Loire-Atlantique, pour la période 1939-1945 ». **Enfin, il faut aussi citer le circuit produit par l’association Nantes-Histoire : « Collaboration et Résistance à Nantes, 1939-1945, parcours qui a très largement contribué à nous convaincre de l’intérêt de réaliser une telle carte qui soulignons-le ici, ne prétend nullement à l’exhaustivité !

* Ici seuls les dénominations, plaques et monuments à la mémoire de résistants locaux sont répertoriés.

**Xavier Trochu est aussi auteur d’articles et de la plupart des clichés.

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SOURCES

BELSER Christophe, La Collaboration en Loire-Inférieure. 1940-1944. t. 1, Geste éditions, 2005, p. 45.

GUYVARC’H Didier, La construction de la mémoire d’une ville : 1914-1992, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1997, p. 334-335.

SAUVAGE Jean-Pierre et TROCHUXavier, Mémorial des victimes de la persécution allemande, Nantes.

Pour découvrir le parcours de Nantes-Histoire, ce lien : http://www.nantes-histoire.org/