Vivre en temps de guerre

Seconde Guerre mondiale

Rue du Bêle. Champ de tir du Bêle Monument à la mémoire des 50 otages

Monument à la mémoire des 50 otages

La mémoire de l’exécution des 50 otages (ils sont en réalité 48), le 22 octobre 1941, en représailles à l’exécution du lieutenant-colonel Hotz, est restée très présente. En 1991, près du terrain du Bêle, à Nantes, un monument commémoratif réalisé par Jules Paressant est inauguré. C’est le deuxième de la ville : en 1951, la municipalité avait commandé au sculpteur nantais Jean Mazuet une œuvre monumentale pour le cours des Cinquante-Otages.

Marin Poirier est le premier Nantais fusillé au Bêle le 31 août 1941. Membre de plusieurs réseaux, il collectait des renseignements et participait parfois à des actions armées.

Après lui, beaucoup d’autres résistants y seront exécutés. Les 16 otages de l’affaire Hotz, les 37 du procès « des 42 »…

Au lendemain de la guerre, les manifestations patriotiques se multiplient pour honorer la mémoire des ces martyrs. Le 26 octobre 1947, M. Tisserand, sous-préfet d’Ancenis, inaugure une plaque où sont gravés 80 noms.

A l’occasion du 50e anniversaire de l’exécution des 50 Otages, la Ville de Nantes organise une grande exposition sur cet épisode tragique. Les Nantais peuvent y découvrir un ensemble statuaire représentant « cinq silhouettes d’otages dressés devant le peloton d’exécution », réalisé par Jules Paressant. À la fin de l’exposition, cette œuvre est installée au champ de tir du Bêle, accompagnée d’une plaque de bronze qui retrace les circonstances de cet événement.

Sur la place du Pont-Morand, au pied du monument des 50 Otages, une autre plaque de bronze rappelle aux passants que les otages ont été exécutés au Bêle.

Historique du terrain du Bêle

Le stand de tir dit du Bêle n’est pas le premier terrain destiné aux exercices d’entraînement des soldats stationnés à Nantes.

À la suite de la guerre de 1870-1871 et de la réorganisation des armées, les villes de garnison sont tenues de mettre à disposition de l’État des terrains pour assurer l’entraînement de ses troupes.

En 1874, la Ville de Nantes loue à un particulier un vaste terrain situé sur la prairie de Mauves. Mais il est inondable pendant trois mois de l’année et considéré comme trop petit par l’armée. La Ville entreprend alors l’acquisition du terrain du Petit-Port, pour y installer un champ de courses et un véritable champ de manœuvres.

Sur une demande du Génie militaire, la Ville achète en 1877 un second terrain de 12 hectares, situé entre la route de Paris et la route de Carquefou. Idéalement placé à 4 kilomètres des casernes, la propriété de la « Haie-Lévêque » ou de la « Halvecque » permet le tir à longue portée (1 000 mètres). Malheureusement, les exercices de tirs ne sont pas toujours précis et atteignent parfois les propriétés riveraines. Malgré des appels à la prudence, on n’arrive pas à éviter les accidents, dont celui du 21 octobre 1887. Ce jour-là, un jeune agriculteur est grièvement blessé à la tête par une balle perdue. Le général commandant la place de Nantes s’engage à modifier les consignes de tirs, en proposant à la Ville le transfert de ces exercices sur un autre lieu.

Il faut néanmoins attendre le début du 20e siècle et l’arrivée du 51e régiment d’artillerie à Nantes (entre 1909 et 1913) pour voir une nouvelle acquisition, celle du terrain du Bêle, situé à Saint-Joseph-de-Portericq, derrière le champ tir existant.

Le 24 décembre 1909, une convention est en effet signée entre la Ville et l’État, officialisant la construction d’un quartier militaire, la création d’un nouveau champ de manœuvres et la restitution à la Ville du terrain de manœuvres du Petit-Port. Ces nouveaux équipements vont jouer tout leur rôle, notamment avec la montée du péril de la guerre. Les classes anciennes, rappelées régulièrement pour le maintien de leur instruction militaire, s’y retrouvent pour des périodes d’exercices pouvant durer un mois. Après la déclaration de guerre d’août 1914, les artilleurs et les fantassins assurent leur instruction avant de rejoindre le front. Mais le champ de tir du Bêle restera marqué, durant la Première Guerre mondiale, par l’exécution de deux femmes, Manuela Alvarez et Victorine Faucher. À l’instar de Mata Hari, exécutée à Vincennes le 15 octobre 1917, ces deux femmes sont condamnées pour espionnage et fusillées le 6 mai 1918.

Dans l’entre-deux-guerres, le champ de tir du Bêle retrouve sa fonction primitive d’instruction. Toutefois, avec l’avènement de l’aviation durant la guerre, le Bêle accueille dès 1920 des meetings aériens. En 1925, l’Aéro-club de France organise le Grand prix des avions de tourisme, dont Nantes est l’une des 14 étapes. En 1928, le Tour de France des avions légers y fait escale. En 1931, les avions du Tour de France aérien arrivent « sur l’aérodrome du Bêle ».

Mais la déclaration de guerre du 3 septembre 1939 met fin à toutes ces manifestations. L’arrivée des troupes allemandes à Nantes, en juin 1940, marque le début d’une occupation militaire qui ne sera pas acceptée par tous. Les résistants ne tardent pas à passer à l’action. Beaucoup d’entre eux sont arrêtés, torturés et fusillés.

Le musée d’histoire de Nantes conserve deux sculptures et un tableau de Jules Paressant consacrés aux Otages.

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