Vivre en temps de guerre

Seconde Guerre mondiale

Cours et monument des 50 otages

Entre le 20 et le 22 octobre 1941, en représailles à l’exécution du Feldkommandant de Nantes, Karl Hotz, 48 otages sont fusillés à Paris, au Mont-Valérien (5 résistants nantais incarcérés à Paris), à Nantes, au champ de tir du Bêle (16 résistants incarcérés à Nantes, dont le groupe des anciens combattants et les jeunes résistants du groupe Vandernotte) et à Châteaubriant (27 prisonniers politiques internés au camp de Choisel, dont Guy Môquet).

Le 27 octobre, à Bordeaux, en représailles à l’attentat du 21 contre un officier allemand, 50 autres otages sont fusillés.

Cet acte de représailles suscite une énorme émotion en France ; et la protestation de plusieurs chefs d’État, dont Roosevelt et Churchill, donne à l’événement une portée internationale.

En 1944, le Conseil Municipal décide de baptiser la nouvelle artère principale de la ville du nom des 50 Otages et d’ériger un monument dédié aux otages et plus généralement à « tous les martyrs de la Résistance ».

En 1952, le monument des 50 Otages, œuvre de Marcel Fradin, est inaugurée à l’extrémité du cours. Autour d’un obélisque  de 13,5 mètres de haut, composé de six lances monumentales recouvertes de cuivre, deux femmes symbolisent respectivement la Résistance et la Paix. Ces deux figures allégoriques réalisées par Jean Mazuet ont été ajoutées au cours de la réalisation du monument.

Dès la Libération, la mémoire des 50 Otages est devenue un enjeu qui oppose les communistes à la municipalité de droite. En 1945, la Municipalité rend hommage aux Cinquante Otages au cœur même de la cité, sur le cours nouvellement baptisé. Les communistes se distinguent, refusant à partir de 1947 de se joindre aux commémorations officielles et préférant organiser une cérémonie séparée à Châteaubriant.

Cet éclatement des lieux et des rites symbolise la rivalité dans l’interprétation des souvenirs. Dans les années 50, sur fond de Guerre Froide, les tensions se cristallisent autour de l’inauguration du monument des 50 Otages et se poursuivent jusque dans les années 60. Les communistes profitent de ces rassemblements commémoratifs pour dénoncer l’impérialisme américain, les guerres coloniales, les répressions ouvrières, etc..Le rapprochement entre les acteurs de la mémoire des 50 Otages n’interviendra que bien plus tard, se concrétisant dans les années 80 par des cérémonies officielles communes.

Dans les années 80, sur le cours des 50 Otages, de nouvelles stèles commémoratives sont érigées: le champ mémoriel s’élargit. En 1988, une inscription « à tous les morts de la Résistance » est gravée sur le monument nantais. En juillet 1993, à l’occasion des 51 ans de la rafle du Vel d’Hiv’, est dévoilée une plaque à la mémoire des victimes des persécutions racistes et antisémites, qui se fait écho du décret du 3 février 1993, en mentionnant la responsabilité du régime de Vichy dans ces événements.

En 2006, l’esplanade située à l’extrémité du cours, face au monument, est rebaptisée esplanade des Cinq communes « Compagnon de la Libération », distinction que Nantes reçut du général De Gaulle, chef de la France libre, le 11 novembre 1941, quelques jours après l’exécution des 50 Otages.

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SOURCES

TROCHU Xavier, « Le monument des 50 Otages », in Les Annales de Nantes et du Pays nantais, n°280, pp.7-12

GUYVARC’H Didier, La construction de la mémoire d'une ville: 1914-1992, Villeneuve d'Ascq Presses universitaires du Septentrion, 1997.

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