Vivre en temps de guerre

Seconde Guerre mondiale

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Paris en 1940

Colette, Paris de ma fenêtre, Fayard, 2004

 

En 1940 Colette est un écrivain connu. Elle a 67 ans, et vit à Paris, au Palais-royal.

Pendant un peu plus d’un an, elle écrit des chroniques hebdomadaires pour le journal  Le Petit Parisien. Destinées à ses « chères lectrices » qui la consultent dans leurs difficultés quotidiennes, ses courriers distillent conseils, astuces et anecdotes.

Nous voilà entrainé dans ce monde entre parenthèse où le froid et la faim sont présents. La lecture, la créativité, l’ingéniosité et les plaisirs simples doivent faire patienter avant un avenir meilleur.  Mais nous ne sommes qu’en 1940/41.  

 

« Quelqu’un lit à voix haute, prétendant nous faire rire, une recette gastronomique d’autrefois, je veux dire de 1939 :« Vous prenez huit ou dix œufs… - A qui ? » demande une petite fille qui n’a pas ri. »

 

« Tout cela changera, on ne demande à la fougueuse jeunesse que le plus difficile : patienter. »

 

Cet ouvrage a été publié en recueil  dès  1942.


Aujourd’hui, il est à lire accompagné du livre de photographies Le monde de Colette au Palais-Royal  publié en 2005 par les Editions du patrimoine.

Regards sur la guerre à Saint-Nazaire et à Châtellerault

Deux lectures proposées par Nicolas Jacob du Centre des archives de l'armement et du personnel civil de Châtellerault :

 

BRAUER, Luc. Les chars de la résistance, L’étonnante aventure d’un escadron FFI blindé sur la poche de Saint-Nazaire. Le Pouliguen, chez l’auteur, 2007

 

 

L’ouvrage de Luc Brauer « Les chars de la résistance » retrace avec de nombreuses illustrations de matériels la constitution d’une unité FFI fin 1944 à partir des chars allemands récupérés après la bataille de Normandie. Si de nombreux engins auront été réutilisés par les FFI dans toute la France au fur et à mesure du retrait de la Wehrmacht, il s’agit d’un cas notable d’unité constituée qui livrera des combats contre les troupes laissées retranchées sur les arrières des armées alliées dans la poche de Saint-Nazaire.

 

Cet ouvrage renvoie au caractère original de l’initiative des combattants et au fait insolite de voir les terribles panzers du Reich sous nos couleurs et qui finiront par être fêtés par les populations. Ces blindés seront ensuite englobés dans le 6ème Régiment de cuirassiers puis dispersés après guerre vers l’export ou au sein des collections, notamment du musée de Saumur.

 

Notons que le Centre des Archives de l’Armement et du Personnels Civils de Châtellerault détient un certain nombre de documents dans ses fonds relatifs aux engins allemands qui ont pu faire l’objet d’évaluations et d’essais dans l’immédiat après guerre.

 

 

ALBERT, Marie-Claude. Châtellerault sous l’occupation. La Crêche, Geste éditions, 2005.

 

 

L’ouvrage de Marie-Claude ALBERT sur Châtellerault sous l’occupation situe certes son propos hors de la Loire Atlantique, mais tout de même dans le grand ouest, et en zone occupée. La ville de Châtellerault, siège d’une des trois manufactures d’armes du pays, est en proie comme toutes les villes aux exigences de l’occupant, à la disette, à l’application des lois raciales. Marie-Claude ALBERT, au travers des archives et de témoignages, nous fait revivre l’humble quotidien, mais au travers duquel toujours transparaissent les enjeux politiques tant de la révolution nationale que de la répression.

 

S’appuyant sur des documents qui prouvent toute la dureté de l’époque, l’auteur explore toutes les thématiques, politique locale, vie quotidienne, réseaux de résistance, spoliations, déportations, en mettant des lieux précis et des noms sur les évènements. Le résultat en est que présentés sans emphase et terriblement concrets, les faits n’en sont que plus émouvants et souvent terrifiants.

 

Marie-Claude ALBERT a puisé une partie de ses sources dans les fonds du SHD/CAAPC à Châtellerault.

 

Occupation à tous les étages

Colette Vivier. – La Maison des Quatre-Vents. – Casterman, 2012, 237 p.
[Le texte présenté dans cette édition a été revu et corrigé en 1991 par André Duval, le fils de l’auteure. Colette Vivier est une des grandes figures de la littérature jeunesse du XXème siècle. Dans ses romans jeunesse réalistes, elle livre la vie quotidienne dans un langage du quotidien et donne la parole à l’enfant. Un style qui préfigure d’autres ouvrages jeunesse tel Le Petit Nicolas de René Goscinny et Sempé].

Ecrit juste après-guerre en 1945, par Colette Vivier, femme de lettres et résistante *, ce livre sera le premier roman jeunesse à évoquer la vie quotidienne des français pendant l’occupation. Il le fait de manière originale, par le biais des habitants d’un immeuble parisien, situé au 24 rue des Quatre-Vents, entre Noël 1943 et la libération de la ville en août 1944.
A chaque étage se trouve ainsi croqué la vie d’un ou plusieurs personnages symboliques de la période et qui permettent d’en découvrir ses particularités : Madame Sellier dont le mari est prisonnier depuis 1940, et ses enfants ; M. et Mme Moscot, en fait Moscowitz, et leur fils, juifs polonais chassés de Lyon ; M. et Mme Gourre et leur deux fils, famille largement favorables aux allemands ; la concierge dont le fils a rejoint la France Libre ; la petite Solange qui espère fébrilement des nouvelles de son grand-frère entré dans la Résistance, …

Ainsi, ils nous font découvrir la BBC, le rationnement et la collaboration, la délation et les actes de résistance, les juifs et les prisonniers, les alertes, la peur et enfin… l’espoir d’une libération.

Fil conducteur de L’histoire, Michel Sellier, âgé de douze ans, souhaite agir pour venger son père prisonnier. C’est à sa hauteur et à son rythme qu’on avance dans le roman, aux hasards de ses activités et de ses rencontres.

A partir de 10 ans.

*réseau de résistance du musée de l’homme

Extraits :

"Des Allemands défilaient sur la chaussée, en poussant leur chants noirs, avec une sportive lenteur." p. 44

"Il se rattrapa en dévorant avidement son assiettée de topinambours, tout en écoutant Norette qui racontait les évènements de la matinée. Les bombes étaient tombées sur la banlieue, la veille au soir ; la boulangère avait une cousine qui habitait de ce côté-là, et elle avait eu bien peur pour elle." p. 70

" - Et alors ? Tiens, avec tous ces allemands qui défilent chez eux, est-ce qu’on sait ce qui peut se passer ? Ils peuvent nous découvrir mes parents et moi, me faire arrêter…

Michel écarquilla les yeux.

-Toi ? pourquoi ?

- Parce que je que je suis juif, dit Georges amèrement, parce qu’il parait que c’est défendu d’être juif ! Et pourtant, reprit-il avec violence, est-ce que je n’ai pas des bras et des jambes comme les autres ? Est-ce que je ne vais pas à l’école, comme toi ? Est-ce que je ne travaille pas bien ? " p.74