Vivre en temps de guerre

Seconde Guerre mondiale

Articles

La vie entre parenthèse

Florent SILLORAY. – Le carnet de Roger. – Sarbacane, 2011, 106p.

 

Maraîcher à Saint-Sébastien sur Loire en région nantaise, Roger a 27 ans en 1939. C’est l’heure de la mobilisation. Il lui faut donc quitter son entreprise de maraîchage, sa mère, sa soeur et sa fiancée sans rien savoir de ce qui l’attend.
A chacun sa guerre. Celle de Roger s’arrête avant même d’avoir vraiment commencé, juste après quelques escarmouches. Mais elle va se prolonger durant cinq ans en Prusse Orientale dans un camp de travail.
Plus d’un million de soldats français seront ainsi capturés au cours des combats de mai-juin 1940.
Le témoignage nous est restitué grâce à l’auteur qui n’est autre que le petit fils de Roger.
En effet lorsqu’en 2003, Roger décède à Nantes, sa fille (la mère de l’auteur), retrouve dans ses affaires personnelles un carnet de moleskine daté d’entre 1939 et 1941.
Ecrit serré, au crayon de bois, il est resté enfermé pendant soixante ans dans un secrétaire.
L’auteur ouvre le carnet et peu à peu part à l’aventure, à la découverte de cet autre grand-père.
Il se rend même sur place, en Allemagne, sur les traces de Roger.
C’est cette histoire qui nous est livrée ici. Couleur sépia pour le passé. En multicolore pour aujourd’hui.
Beaucoup de simplicité dans l’écriture du grand-père. Beaucoup de pudeur dans la restitution en bande dessinée du petit fils.
Et rien ne manque. La dureté physique et morale pour Roger durant la débâcle, les marches forcées et les années en tant que prisonnier. Les conditions de vie dans les camps, ses rencontres et amitiés et ses silences une fois revenu chez lui … La volonté de voir et de savoir pour le petit fils. Ses rencontres et ses partages avec les différents participants de son projet notamment en Allemagne.
Une histoire simple qui ressemble à des milliers d’autres mais qui elles ne seront jamais mis en lumière.
L’hommage d’un petit-fils à son grand-père. Eclairant pour chacun d’entre nous.

---
Extrait

« Sur les routes de Loire atlantique, été 1978
De toute mon enfance, à aucun des longs moments que le destin m’a permis de passer en sa compagnie, jamais papy ne me parla de la guerre.
Il, semait à sa façon, des graines dans ma conscience.
Comme ce jour d’été où il me fit découvrir le maquis de Saffré, haut lieu de la résistance en région nantaise.
Je ne compris pas tout, mais je sentis que ce lieu chargé d’histoire était important pour lui. De rares commentaires rythmèrent notre déambulation entre le mémorial et les tombes des maquisards.
Nous quittâmes ce pèlerinage étrange et sombre pour une destination inconnu de moi.
Je ne connaissais ni la maison ni le vieil homme qui nous ouvrit la porte. Il salua papy avec chaleur…"

 

Infos complémentaires : http://lecarnetderoger.blogspot.fr/

Ajouter un Commentaire