Laurent Binet, HHhH, LGF, 2011, 442p.
Après cette lecture, je vous promets qu’on ne lit plus de roman historique de la même façon.
Derrière HHhh, c’est Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo, planificateur de la solution finale, bras-droit d’Himmler. L’histoire racontée est celle de sa carrière et de son assassinat, à Prague en 1942, par deux tchécoslovaques partis de Londres : l’opération «Anthropoïde ».
Le récit entremêle les évènements et des explications sur la démarche de l’auteur. Et là réside à mes yeux tout l’intérêt de ce roman : l’auteur nous initie aux difficultés et aux dangers de ce genre littéraire.
La priorité a été donnée à l’Histoire, celle avec un grand H. La littérature vient au service du récit, avec un refus strict de la fiction. Et pourtant, le suspense est là.
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Alors je me suis interrogée sur ma façon de lire des romans historiques : qu’est-ce que j’y cherche ? est-ce de l’évasion, des connaissances ? Un romancier a le droit à la liberté littéraire ? mais n’a-t-il une responsabilité morale par rapport aux faits historiques ?
Actuellement, je ne suis pas seule à m’interroger ! Colloques, séminaire d’enseignement universitaire, articles traitent récents de ces questions. Dernièrement, on a pu assister au succès de Les bienveillantes de Jonathan Littell qui s’il est un roman, repose sur des recherches documentaires très poussées. En 2010, c’est l’ouvrage de Yannick Haennel sur le Résistant polonais Jan Karski qui provoque une vive polémique. Trois parties composent ce récit, dont la dernière est ouvertement fictionnelle : un très mauvais mélange des genres pour certains.
« Genre dominant, le roman vampirise tous les autres genres littéraires : aujourd’hui, un récit est un roman, une autobiographie est un roman, un livre d’histoire peut être un roman. »
Blanche Cerquiglini dans Le roman d'hier à demain, Gallimard, 2012.